lundi 10 février 2014

Mot du Président


Ce récit tient donc du témoignage, des mémoires, et non pas de l'Histoire, mais il veut y contribuer.

Voici l'histoire de la cité Prost, vue par les associations et des riverains qui l'ont vécue. Elle a pour intention de donner une relation des faits différente de celle que relate l'histoire générale un peu sommaire, et surtout de celle qu'en donne la municipalité.

De ce point de vue elle ne peut affirmer prétendre à l'objectivité, pas plus que ne le peut d’ailleurs l'histoire officielle qui n'en donne qu'une version partiale. Elle fournira la version de ceux qui ont vécu la transformation du quartier, qui l'ont subie, et qui ont fait leur possible pour y participer, malgré les difficultés quotidiennes de leur vie j'allais dire normale, de famille, professionnelle, matérielle, mais aussi les obstacles administratifs, intentionnels ou non, et politiques, qu'à l'évidence ils ont dû surmonter pour arriver ne serait-ce qu'à faire entendre leur voix, davantage encore pour l'imposer. Par rapport à l'histoire officielle, elle constitue ce que les Anglais appellent « The other side of the hill ».
Ce récit tient donc du témoignage, des mémoires, et non pas de l'Histoire, mais il veut y contribuer.

Occupant depuis 1996 une position centrale, au propre comme au figuré, au croisement de deux rues jouxtant le terrain de la cité Prost, successivement membre du collectif cité Prost, membre puis secrétaire de l'association 11 de Pique, et enfin membre fondateur et président de l'association cité Prost depuis 2001, j'ai assisté ou participé moi-même à de nombreux événements, réunions de décision (pour un citoyen qui n’est pas membre des instances municipales, s'entend ) et à la transformation du lieu depuis 17 ans. J'ai été en mesure de recueillir d’assez nombreux témoignages, commentaires, documents concernant le terrain (toujours pour un profane naturellement) de la part de différents acteurs (responsables politiques, administratifs, associatifs, riverains, personnes occupant le terrain de façon permanente ou temporaire : riverains, employés municipaux, cirque, SDF, ouvriers des chantiers...

Ce récit contiendra donc trois sortes d'éléments :
-      les faits avérés dont j'ai été témoin ou dont j'ai recueilli le témoignage de la part des témoins directs ; les actes officiels de la Ville de Paris, documentés ou non.
-      Les faits de politique générale ou de société, connus de tous, qui servent de cadre, de contexte à l'histoire du terrain.
-      Les hypothèses et interprétations que je suis amené à formuler en l'absence de certitudes, à partir des faits constatés. Ils sont sujets à contestation et je laisserai parfois le lecteur faire lui-même ses propres hypothèses, mais je crois que certaines d'entre elles ne manquent pas de vraisemblance.

Un dernier mot : plongé dans l'histoire comme Fabrice Del Dongo à la bataille de Waterloo, j'ai éprouvé comme tous ce phénomène universel : nous ne connaissons pas le futur. Nous ne savons pas si notre point de vue, nos actes seront justifiés par le développement ultérieur des événements. Il m'est arrivé, toujours à ma grande surprise, quelquefois de constater que j'avais raison, et plusieurs fois que j'avais tort, et de comprendre, longtemps après, l'inutilité de certaines choses que nous avions faites et la portée de certaines autres que nous croyions inutiles ou vouées à l'échec. Profitant du recul, j'en ferai profiter également le lecteur dans le cours du récit.

Enfin je tiens à remercier particulièrement les deux personnes qui avec moi, avant moi, s'étaient lancées dans cette action : faire valoir la voix des riverains dans la transformation de la cité Prost : Isabelle Bastian-Dupleix et Marc Legendre. De nombreuses autres personnes ont joué un rôle très important que je relaterai, mais celles-ci étaient les deux premières et sans elles, je n'aurais rien pu faire.
Qu'il leur soit rendu l'hommage qu'elles méritent.